Fazer e Cantar, le troisième album de la chanteuse et compositrice brésilienne Diana H.P. s’inspire de l’énergie progressiste des années 60 à 80 pour proposer un futur musical groovy, sensuel et spirituel. A ses côtés les brillants musiciens et producteurs JazzBastards forment l’équipage idéal pour cette exploration rétro futuriste.
Diana H.P. est l’héritière d’une révolution qui se produisit aux débuts des années 70 à Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais, état du sud-est du Brésil. Son nom de code était Clube da Esquina, (le Club du Coin), titre d’une chanson et d’un album historique de Milton Nascimento, également du à l’osmose créative qui régnait au sein du groupe d’artistes éclairés qui l’entourait. Les musiciens et poètes, membres du Clube da Esquina conjuguaient leurs virtuosités en s’inspirant du génie aventurier des réformateurs du jazz, des inventions du rock psychédélique ou des Beatles période Double Blanc, comme des traditions musicales régionales et nationales. L’album eut un impact revendiqué par de grands musiciens internationaux tels Wayne Shorter, Herbie Hancock ou encore Earth Wind & Fire et ouvrit au Brésil une fenêtre ensoleillée vers un futur d’audaces et de liberté, alors que le pays était englué dans le carcan de la dictature militaire.
Diana H.P est née à Belo Horizonte, dans une maison de musiques. Son père, Yuri Popoff est un bassiste, compositeur et chercheur réputé et sa mère, la flutiste Lena Horta, est la sœur de Toninho Horta, guitariste de Clube da Esquina et musicien influent dont le récent album Belo Horizonte a décroché un Latin Grammy Awards en 2020, récompense partagée par son groupe Orquestra Fantasma, auquel les deux parents de Diana participent.
Depuis son plus jeune âge, les rêves de Diana sont hantés par une musique en devenir, sa propre musique. Dans le Minais Gerais puis à Rio où ses parents s’installent, elle apprend à dompter les mélodies et les harmonies, au chant, à la flûte ou au piano, à travers l’étude et la pratique de la musique classique ou du jazz, mais aussi par l’écoute attentive d’une large palette de musiques populaires brésiliennes, africaines, américaines ou européennes.
Au gré des rencontres et des voyages son univers s’élargit. A 21 ans elle commence à travailler ses compositions en compagnie de musiciens venus du monde classique, à 23 elle donne ses premiers concerts. En 2013, après cinq années de gestation, dont une année passée à Londres avant de s’installer à Paris, Diana Horta Popoff sort son premier album Algum Lugar (Quelque part). Le disque est chaleureusement accueilli. L’illustre auteur-compositeur de MPB (Musica Popolare Brasilero), Ivan Lins, signe l’enthousiaste texte de présentation et Márcio Borges l’auteur de Clube da Esquina, lui offre les paroles de la chanson Além do Fim. Cette collaboration, qui la remet en perspective des racines créatives familiales, s’accentue avec le temps. En 2018 pour Amor de Verdade Márcio Borges lui écrit trois textes.
Le charme opère ! Son chant suave caresse des mélodies délicates sur fond de bossa-jazz. L’album sort en Europe, au Brésil et aussi au Japon.
Peu après, elle découvre le chaînon manquant entre son passé et ce futur musical qui palpite en elle depuis toujours. Son mari et partenaire, le multi-instrumentiste (basse, guitare, orgue) Mathias Allamane, lui fait écouter la musique secrète de JazzBastards, groupe et collectif de production (Oumou Sangaré, Tony Allen, Oxmo Puccino) auquel il appartient. Diana y reconnaît son chemin et décide de le suivre. Il est question de sons vintages et d’explorations rétro futuristes, de claviers digitaux et de grooves rebondis, inspirés des années 60 à 80 et idéalement taillés pour épouser les mélodies et harmonies ciselées de Diana et son chant spirituel.
Autour de Diana et Mathias les autres JazzBastards donnent le meilleur d’eux-mêmes : Vincent Taurelle est aux claviers et assume la production avec le batteur Vincent Taeger. Ludovic Bruni passe saluer avec sa guitare sur Balanço qui justement parle d’amitiés. Il y a aussi l’hommage paternel au pionnier russe de la conquête de l’espace Gagarine de Yuri Popoff et Heitor Branquinho, Brincadeira (Un jeu) jeux de mots entre séduction et illusion, en français Le Jour affirme que la vie est belle et qu’il faut s’en saisir. Le poète philosophe Márcio Borges a cette fois apporté quatre textes : Fazer e Cantar (Faire et Chanter) donne son nom à l’album et résume la démarche de vie de Diana : « Faire au mieux en chantant avec amour et plaisir », Sonho (Rêver) milite pour le rêve, Delikatessen incite à faire confiance en la force de l’amour et Mais um sol (Encore un soleil) interroge le ciel et ouvre la conscience sur l’immensité qui nous entoure : (Nous sommes juste un autre soleil dans la poussière des points de lumière). Une touche de magie britannique est ensuite apportée par le mixage précis de Dave McDonald, l’ingénieur du son des albums mythiques de Portishead.
Avec Fazer e Cantar, Diana a trouvé sa place et l’affirme. Devenue Diana H.P., elle est une version amplifiée d’elle même, fidèle aux valeurs de son passé, mais prête à relever les défis du présent pour construire un avenir plus sain et joyeux. Comme les artisans du Clube da Esquina en leur temps, Diana H.P. mise sur l’imaginaire pour surpasser les dangers de l’époque. Faire et Chanter, car si l’on cesse de rêver la vie se rétrécit et Diana H.P. inlassablement chante et vous fera chanter.