Premier album « Life Slides » / Sortie le 19 Novembre 2021 chez Inouïe distribution
L’expression peut aussi bien signifier « les toboggans de la vie » que « les diapositives de la vie », ou parler de la vie qui glisse – sans oublier la guitare slide, omniprésente tout au long de cet l’album.
Des tranches de vie, donc. De celles qui racontent notre monde, du point de vue de celui qui les chante, bien sûr, mais pas seulement. Comme dans le morceau Boney Spree, histoire d’une rencontre d’un soir qui tourne au cauchemar, racontée du point de vue féminin.
Evidemment, Manouche Fournier n’est pas en reste quand il s’agit de partager ses propres tribulations. Le beat lourd de Going Down nous parle d’amitié et des effets délétères de la manipulation. Toujours dans ce mélange de rap et de bottleneck, Troublations est un dialogue entre deux amis – l’un tentant de démontrer à l’autre que la vie vaut le coup, malgré tout. Côté solaire, Piti Filé Gumbo nous conte la Louisiane, mais aussi la nostalgie de l’avoir quittée.
Cette région du monde est bien sûr l’un des fondements de Junkyard Crew, ne serait-ce que par l’instrumentation du groupe : le sousaphone (tuba iconique des fanfares de la Nouvelle Orléans) et la batterie, qui y est née. Puis cette guitare à résonateur chère aux musiciens de blues de ce sud américain où le français résonne encore chez les Créoles et les Cajuns…
Et bien entendu les cuivres, toujours – subtilement arrangés par l’autre fondateur du projet, le tubiste Jean Crozat, également co-compositeur de plusieurs titres. On les retrouve ainsi tantôt torturés dans le spiritual Death Comes Creeping ; tantôt puissants et lumineux dans une esthétique electro-blues avec That Grin of Yours.
La dernière touche, ou plutôt le touché, est celui du percussionniste et chanteur réunionnais David Doris. Ses mains et ses chœurs donnent notamment vie à La Facture, morceau dans lequel le Pays des Lumières peine à rendre fiers ses habitants. On le retrouve également sur le bouillant Whatcha Gonna Do – Reloaded, où le thème du réchauffement climatique a droit à un arrangement Blaxploitation d’un sample de… Duke Ellington.
Tout cela se termine avec la ballade rap That’s How I Wish. L’histoire d’un redresseur de torts face à plus fort que lui et dont la conclusion pourrait résumer le propos de l’album : la lutte continue, mais il faut savoir choisir ses combats…